Digest Numérique
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE : découvrez notre digest (il est gratuit) qui trie enfin le faux du vrai sur le sujet.
En collaboration avec le Studio Digital responsable Bruno Della Mattia, avec l’oeil avisé de Frederic Bordage de GreenIT.fr et de Florian Grill de l'agence CoSpirit MediaTrack.
Bref : du pédagogique, du solide, du synthétique, du pratique.
À télécharger ici : DigestNumérique_Hyssop
Podcasts OWN THE CHANGE pour le SIAL
“Le changement appartient à ceux qui s’en emparent”. Dans le cadre de podcasts que nous réalisons pour le SIAL (Salon international de l'alimentation), Dominique Royet confronte dans chaque épisode, à partir d’une question liée aux changements dans les domaines de l’alimentation, la vision d’un entrepreneur visionnaire, qui développe une initiative émergente, et la prospective proposée par une entreprise leader sur son marché.
Episode 1 : La Distribution, un lien modifié entre le producteur et le consommateur
Interviews de Charles Guirriec, Co-fondateur de Poiscaille, le panier de la mer en ligne et de Bertrand Swiderski, directeur développement durable du Groupe Carrefour.
Charles Guirriec, ingénieur de formation, a co-créé en 2015 Poiscaille qui assure aux consommateurs la livraison d’un poisson de qualité, en 48h, et la rémunération équitable de pêcheurs artisanaux qui n’utilisent que des techniques douces. Poiscaille a vu depuis le début de l’année et encore plus pendant cette crise du Covid son chiffre d’affaires progressé et parie sur une évolution forte de la vente directe du producteur au consommateur. De son côté, Carrefour a dû faire face à un transfert de ses ventes sur la proximité et à assumer un rôle sociétal fort. Ces 2 invités nous donnent leur avis sur l’évolution des différents modes de distribution alimentaire et Nicolas Trentesaux, DG SIAL Global Network, nous expliquera comment le SIAL prolongera ces discussions lors du Salon.
Episode 2 : L'accès à une nourriture de qualité, pour tous
Interviews de Thomas Jonas, Fondateur de Nature’s Fynd, entreprise américaine qui propose une nouvelle forme de protéine et de Carole Galissant, Directrice du pôle culinaire chez Sodexo France.
Thomas Jonas transforme une bactérie ultra résistante trouvée dans le parc de YellowStone en protéine et imagine proposer une alternative alimentaire pour nourrir les 10 milliards d’humains que nous devrions être en 2050. Carole Galissant travaille pour Sodexo à améliorer sans cesse la qualité de la nourriture servie, notamment dans les cantines scolaires, pour permettre aux enfants, quel que soit leur niveau de vie, d’avoir accès à une nourriture de qualité à un prix accessible. Nos deux invités nous donneront des perspectives très différentes et complémentaires sur ce sujet de l’accès à une nourriture de qualité. Adeline Vancauwelaert, Directrice de SIAL Paris, conclura notre podcast avec quelques informations sur la consultation menée par le salon sur le sujet.
SIAL Episode 3 : Alimentation et agriculture
Interviews de Nicolas Machard, fondateur de « Pour de Bon », une place de marché digitale qui propose les produits alimentaires frais et secs provenant de 400 petits producteurs et artisans français et Emmanuel Vasseneix, Président de la Laiterie de St Denis de l’Hôtel et à l’origine de la marque du consommateur « C’est qui le patron ».
Nicolas Machard et ses équipes sélectionnent rigoureusement des producteurs engagés à fournir des produits alimentaires de qualité et à utiliser des méthodes agricoles adaptées à la préservation de leur environnement.
Emmanuel Vasseneix, dont l’entreprise conditionne les différents liquides alimentaires (lait, jus de fruit, laits végétaux) est particulièrement sensibilisé à la valeur ajoutée pour les producteurs. Avec eux, en partenariat avec la distribution, il propose de garantir un prix décent pour maintenir des productions de qualité en France.
SIAL Episode 4 : Lien entre Alimentation & Santé
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es... L'adage paraît léger : pourtant, le lien entre alimentation et santé préoccupe 69% des Français. Dont le SIAL. Et dont nous.
Ainsi, pour creuser ce sujet, Dominique Royet a interviewé :
• Joël Doré, chercheur à l'INRAE et Directeur scientifique de MeTaGenoPolis. Internationalement réputé pour ses recherches, il a découvert le lien entre le microbiote intestinal et les maladies chroniques, neurodégénératives ou neuropsyciatriques.
• Christophe Barnouin, Président du Groupe Ecotone qui regroupe les marques Björg, Bonneterre, AlterEco...) et qui est pionnier de l'alimentation végétale et sans pesticides.
Dans ce podcast, tous deux mettent en avant le rôle que joue biodiversité dans notre alimentation. Comme tout simplement participer à nous maintenir en bonne santé. Rien que ça.
Pour débattre d’un sujet qui préoccupe 69% des français, interviews de Joël Doré, Chercheur à l’INRAE et Directeur Scientifique de MeTaGenoPolis. Internationalement réputé pour ses recherches, il a découvert les liens entre le microbiote intestinal et les maladies chroniques, neurodégénératives ou neuropsychiatriques. Et Christophe Barnouin, Président du Groupe Ecotone. Le groupe Ecotone qui regroupe les marques Bjorg, Bonneterre, AlterEco… est pionnier de l’alimentation végétale et sans pesticides. Tous deux mettent en avant la biodiversité qui est clef pour que notre alimentation participe à nous maintenir en bonne santé.
Bonne écoute à vous !
3 questions à Frédéric Bordage, expert de la sobriété numérique
À l’occasion de la sortie prochaine de notre publication sur le numérique responsable, co-écrit avec le studio digital Bruno Della Mattia, Frédéric Bordage, THE expert de la sobriété numérique, a accepté de répondre à quelques questions. Nous étions ravis et impressionnés. Extraits.
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Quel est, selon vous, le réel impact environnemental de la communication numérique ?
C’est tout d’abord fabriquer le numérique, qui représente 80% des impacts en France. Les 20% d’impacts restants sont dus à la production d’électricité due à son utilisation. Sur les usages liés à la communication digitale, les enjeux sont donc doubles. Tout d’abord faire en sorte que la campagne de communication tourne confortablement même sur des terminaux vieillissants pour éviter l’obsolescence. Puis de ne pas « saturer les tuyaux » avec des fichiers qui seraient très lourds. Il faut savoir que la communication digitale va avoir des impacts environnementaux indirects sur les éléments physiques. Par exemple, produire des vidéos publicitaires uniquement en 4K oblige les gens qui n’en ont pas à changer leur écran.
Que faut-il absolument éviter et quelles sont les bonnes pratiques ?
Tout ce qui va déclencher l’obsolescence, ou qui va engorger les tuyaux pour rien. On est aujourd’hui dans une communication très promotionnelle, qui pousse du contenu sans qu’on l’ait demandé. Une communication intelligente, qui serait un apport d’informations pour l’utilisateur moins intrusif, contribuera probablement à réduire les impacts environnementaux associés.
En termes de sobriété numérique, les bonnes pratiques vidéo sont, autant que possible : bannir l’autoplay, des résolutions par défaut acceptables et non maximales, car ce n’est pas forcément nécessaire tout le temps.
Votre avis sur le print VS numérique ?
Il y a une tendance de la société à opposer le papier aux octets, ce qui na aucun sens. Ce sont deux supports qui ont des impacts environnementaux différents. On a beaucoup d’épuisement de ressources abiotiques (ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole ou les minerais) dans le numérique, et quasiment pas dans le papier. En revanche, fabriquer de la pâte à papier cause beaucoup plus d’eutrophisation*. Les études comparatives qui sortent aujourd’hui sont toutes à charge, alors qu’on devrait être dans une articulation intelligente entre ces 2 supports. Et cela pour en tirer le meilleur parti : un minimum d’impact environnemental avec une meilleure efficacité en termes de communication. Entre un livre papier et Kindle, par exemple, celui utilisé le plus souvent et longtemps aura le moins d’impact. Ici, c’est probablement le livre emprunté à la bibliothèque qui sera le plus efficace. Dans le monde de la communication digitale, il y a probablement un modèle à trouver en s’inspirant de cette réflexion.
*eutrophisation : Apport excessif d’éléments nutritifs (nitrates et phosphates) dans les eaux, entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème. Les effluents des fabriques de pâtes et papiers peuvent être d’importantes sources externes de matières organiques dissoutes et particulaires dans les systèmes aquatiques, d’où une eutrophisation accrue des milieux récepteurs.
L'expert
Spécialiste français du numérique responsable, Frédéric Bordage a créé en 2004 la communauté GreenIT.fr. Elle abrite une centaine d’organisations et d’entreprises (Collectif conception numérique responsable, Club Green IT) qui s’intéressent et prennent part au numérique responsable.
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L’insoutenable légèreté des initiatives green
INfluencia • Le 06.03.2021
Faire ses courses dans un supermarché devient le parcours du combattant responsable par excellence, tant les messages sont partout, différents, parfois dissonants. On y trouve, en vrac mais toujours emballé : de l’éco responsable, de la beauté plus durable, de l’élevage responsable, du labellisé à qui mieux mieux, de la filière durable, de la compensation carbone, de l’engagement dans la transition écologique, du made in France, de l’emballage réduit et/ou en matière recyclé voire recyclable, du jetable éco-responsable (notons l’oxymore)…
Bref. On reprend notre respiration en même temps que nos esprits pour déplorer cette surenchère qui en met partout, et l’envie de ranger la chambre nous démange pour gagner en lisibilité.
On veut des preuves.
Bien sûr, toutes ces entreprises se déclarent engagées…. mais pour beaucoup, engagées seulement à promouvoir leurs produits, en parlant responsabilité, environnement, naturalité et autres termes qui en soit ne signifient pas grand-chose. Que serait un produit ou une marque non responsable ? Estampiller des mots green sur un packaging même allégé ne suffit pas pour la planète, et ne suffira plus pour le consommateur. Pour juger de ce qui est intéressant ou non pour la Planète (l’environnement et les hommes), il faudrait voir en quoi ces formules green qui se veulent magiques, souvent concoctées sur un coin de table marketing, reposent sur des preuves. Et si oui, en quoi les actions réalisées sont pertinentes par rapport aux enjeux de leur secteur. C’est une des conditions pour optimiser leur utilité pour la planète mais également leur crédibilité vis à vis du consommateur.
On a besoin de confiance.
On ne peut que se réjouir de l’engouement des marques à faire évoluer leurs produits. Mais nous devons nous assurer que ces évolutions sont légitimes, et réellement positives. Les mini-scandales, articles démontant telle ou telle initiative ou marque, nourrissent la défiance des consommateurs. Communiquer sur l’engagement d’une marque permet de lui donner une préférence : il est vital de le reposer sur des preuves et de la transparence. C’est à cette seule condition que l’on pourra créer un mouvement de masse plus vertueux chez les consommateurs. Quelques labels, comme le bio, ont réussi à émerger malgré des égratignures… Mais sinon c’est le plus grand flou.
Cohérence. Pertinence. Transparence.
Il est absolument nécessaire de se poser les bonnes questions, bien en amont. À quoi bon utiliser toujours plus de sacs poubelles jetables, même en plastique recyclé, si on ne réfléchit pas à optimiser l’expérience de tri du consommateur ? En quoi un produit « made in France » (la loi dit « au minimum assemblé en France ») est-il plus responsable qu’un produit sourcé dans des pays en développement dans de bonnes conditions, qui permettent aux populations locales d’avoir des revenus et de faire perdurer leurs traditions ? Que signifie « naturel » ? Tant de filières peuvent être considérées comme naturelles alors même que leur culture utilise des pesticides et des engrais. Réduire ses packaging est certes une bonne idée, déjà d’un point de vue économique… mais ne suffit pas à affirmer qu’une marque est responsable : n’y a-t-il pas autre chose à creuser dans son produit avant de se gausser d’un emballage allégé ? A-t-on pensé en même temps, à la composition du produit, à l’économie de son usage, à son gaspillage ? Il est important de considérer le produit dans son ensemble. Ne pas s’attaquer aux enjeux majeurs sera tôt ou tard une lacune qui pénalisera la marque…
Que faire ?
Aujourd’hui nous savons tous qu’il faut agir. Les marques que nous accompagnons sont très souvent animées d’une vraie volonté d’évoluer. Mais, pour beaucoup, la tâche est ardue : par manque de culture, d’expertises, de vision globale… C’est pourquoi il est important de réfléchir avec eux sur l’ensemble du cycle de vie du produit : même peu poussée, cette analyse identifiera les impacts principaux, les enjeux sociaux et sociétaux de la consommation, les problèmes de fin de vie et les solutions pour y répondre.
C’est une fois ce travail fait (et pas avant) que la communication pourra prendre le relais : expliquer, vulgariser les points précis où l’on aura agi, et raconter de façon globale la démarche, quitte à expliquer ce qui n’a pas pu être fait, ce qui est en cours. La transparence, c’est un des principaux leviers de confiance. C’est ainsi que nous pourrons fidéliser les consommateurs aux marques « engagées ». L’engagement est une valeur universelle, belle et forte. Il ne s’agit pas, aujourd’hui moins que jamais, de la galvauder pour gagner momentanément quelques parts de marché.
SNCF : campagne interne PARLER GREEN SANS ROUGIR
Article paru sur le site Sircome (04.03.2021)
Je vous présente aujourd’hui un programme de sensibilisation interne, intitulé « Parler green sans rougir ». Il vise à renforcer la fierté des agents de SNCF Voyageurs relativement aux engagements RSE de leur entreprise et atouts environnementaux du train. Cette action a été conçue par l’agence Hyssop [dont j’aime beaucoup le slogan qui figure sur leur homepage : « L’avenir, on y croit dur comme faire« ].
1 étude des comportements
L’agence a réalisé une étude des attentes et comportements des collaboratrices et collaborateurs, en interrogeant notamment une dizaine de salarié·e·s dans plusieurs métiers et plusieurs territoires (service client, guichet, contrôleur TGV, conducteur, cadre etc.). L’objectif était d’identifier les supports de communication les plus appréciés et de transmettre les informations qui les intéressent de la manière la plus efficace possible.
5 épisodes
Le programme se déroule en 5 épisodes, qui abordent et expliquent de façon simple, ludique et engageante les différentes actions menées par la SNCF Voyages : le carbone, l’énergie, les déchets, le bar TGV Inouï, l’économie circulaire. Vous trouverez ci-dessous les premiers visuels.
Rendre fiers
Ce programme a été nommé « Parler green sans rougir » et l’explication suivante figurait l’un des supports de communication : « Parler green sans rougir, c’est le faire avec fierté, mais surtout assurance. Parce qu’on ne peut pas tout savoir, qu’on en apprend tous les jours, retrouvez progressivement dans cet article toutes les clés pour comprendre ce qu’est notre atout bas carbone et connaître l’ensemble de nos actions en faveur de l’environnement, pour les partager avec ceux qui voudraient en savoir plus, comme nos clients, vos amis et même vos enfants… car ce sont eux les plus concernés par l’avenir que nous leur laissons ».
Le sentiment de fierté est également entretenu : « Fiers de notre atout bas carbone. Nous pouvons être fiers de ce que nous sommes, de ce que nous faisons, chacun à notre mesure, à bord, en gare, aux guichets, dans les bureaux : car nous le faisons tous au service d’une entreprise qui s’engage à préserver l’environnement, et nous le disons dans notre dernière campagne de communication externe sortie début décembre ».
Cette campagne est intéressante à plusieurs titres : la démarche de prise en compte des perceptions et des attentes des publics en amont, les messages pédagogiques et le ton légèrement décalé, l’inclusion de tous les métiers dans la réussite de la démarche, l’installation sur un temps long…
Mais…
Un point de vigilance toutefois : la représentation de la face avant d’une locomotive sous forme végétale pourrait être considérée comme un abus de l’argument écologique. Je rappelle le point 8.4 de la Recommandation Développement durable : « l’assimilation directe d’un produit présentant un impact négatif pour l’environnement à un élément naturel (animal, végétal…) est à exclure. » Je remercie Dominique Royet et Thomas Maury de l’agence Hyssop de m’avoir transmis ces éléments. N’hésitez pas à nous tenir au courant des prochaines étapes de cette campagne et des réactions associées 😉
Le diable s'habille en Vinted
INfluencia • Le 03.02.2021
J’ouvre les yeux, et je m’aperçois devant mon miroir flambant vieux (80’s, chiné à la Braderie de Lille), qu’ils sont devenus 2 billes de naphtaline qui me chuchotent à l’oreille que c’était mieux avant. Avant me dit à son tour que ce ne sera pas mieux demain, et Demain, lui, se tait (il en a assez qu’on décide à sa place de son avenir).
Silence. Un ange passe.
Il est habillé en Gucci, sneaker Nike Dunk et sac Hobo Prada d’occase (les must-have de la seconde main 2020 selon Vestiaire Collective) : ça m’inspire. Je plonge dans mon vestiaire à moi où ça se bouscule pas mal. Les pieds-de-poules se prennent le bec, le tartan me fait de l’œil, le Prince de Galle me fait du pied-de-poule… Comme chaque matin ça tourne en rond. Ce sera T-shirt blanc H&M et Jean Uniqlo. Comme d’hab.
TROP.
Parce qu’en fait je ne tourne (en rond) qu’avec 15 tenues, alors que mon dressing m’en propose inlassablement 40 chaque matin. L’ange repasse en me criant en effet que « 70% de ta garde-robe n’est pas portée » (il l’a lu sur le Huffington Post) et disparait en enfonçant une porte ouverte : on accumule tant et tant de fringues qu’on ne sait plus quoi en faire.
VINTED.
Cette plate-forme, inventée par les lituaniens Milda Mitkute et Justas Janauskas en 2008, part justement de ce constat : ce volume impensable de fringues qu’ils ne portaient plus (des T-Shirt qu’ils ne se souvenaient même pas avoir achetés). Ils ont décidé de créer un système d’échange entre copains / voisins. Malin. Le monde étant ce qu’il est (petit), nous sommes aujourd’hui 21 millions de voisins, dont 8 millions de Français, à utiliser Vinted dans 11 pays européens, plus les États-Unis. Pour 1,3 millards d’euros de CA prévu en 2019. Mirobolant.
MIAM.
Un succès si appétissant que tout le monde y va de sa plate-forme seconde main : Camaïeux, Cyrillus, Darty, Weston, Kiabi, Cdiscount, La Redoute (avec La Reboucle), OKAIDI & son troc, Petit Bateau, Décathlon… On ne compte plus les initiatives d’occase. Une manne juteuse qui redore l’image des marques en la verdissant. On estime qu’en 2028, le marché de la seconde main dépassera, en volume celui de la fast fashion (source). Et sur les 40% de Français qui auraient déjà acheté des vêtements d’occasion en 2019, la moitié a eu recours à Vinted. (source france info de Institut Français de la mode x FEVAD). Est-ce une bonne nouvelle ?
VERTUEUX.
La seconde main, ça fait partie du passé ET de l’avenir : notre présent est tout simplement en train de s’en souvenir. On ne produit pas de nouvelle matière, on réduit les émissions CO2 et pollutions en tout genre (air, eau… souvenons-nous que l’industrie textile est la 2e plus polluante), on allège notre poids sur l’utilisation des ressources naturelles (fabriquer un tee-shirt nécessite l’équivalent de 70 douches et un jean, 285), on transforme un déchet en ressource tout en générant de la richesse économique. Bref : c’est super.
MAIS VICIEUX.
Ça fait tellement de bien qu’on a tendance à redoubler d’efforts. Comme « en plus, ça fait du bien à la planète », on reproduit voire intensifie notre boulimie d’achat #déculpabilisation. Ces baskets Common Project à seulement 60€ : « j’en ai 4 paires, mais pas tout à fait les mêmes ». J’achète.
Est-ce la circularité ou l’achat à pas cher qui motive les utilisateurs Vinted ? Son caractère vertueux, qui peut devenir une bonne excuse à acheter, n’aurait-il pas desservi son but : une consommation plus raisonnée ? Est-ce que son modèle n’aurait pas été dévoyé par nos mauvaises habitudes : « de toute manière, je le revendrai sur Vinted » ? L’arrivée de Thomas Platenga aux commandes de la fripe en ligne, en 2016, avec ses méthodes d’incitation reprises des sites e-commerces, aurait-elle rendu Vinted un épouvantail à € et à bonne conscience ?
En outre, Vinted ne géolocalise pas l’achat : les articles arrivent donc de parfois très loin, générant beaucoup de transports.
Enfin, cette économie de la seconde main fait main basse sur des articles autrefois donnés aux associations comme Emmaüs.
PAREIL.
Avec Vinted, ou autre, on fait finalement pareil. Nos dressing débordent tout autant d’occase que de fast fashion (qui sont parfois les deux). Tant que l’industrie continuera à sur-produire, à nous biaiser pour que l’on achète toujours plus (comme ASOS par exemple qui permet de ne payer qu’au moment de la réception de la marchandise), tant que nous, consommateurs, ne modifierons pas notre comportement naturel d’accumuler (acheter, comme les études le disent : ça rassure, ça procure du plaisir, ça rend heureux, et ça apaise nos tensions) il est normal que le marché de la seconde main croisse autant. Quand on achète trop, on revend beaucoup.
Le fait que la seconde main surpasse la première main en 2028 est une bonne nouvelle, mais à condition que le neuf diminue ses volumes… ce qui n’est pas tout à fait prévu.
LE DIABLE.
Des voix critiquant le bien-fondé de Vinted ont fleuri sur internet. C’est vrai : certaines pratiques sont largement discutables, de la part de la marque comme des utilisateurs : ces « conso-marchandes » comme les appelle Élodie Juge, ingénieure recherche pour la chaire Trend(s) qui analyse depuis 2013 le comportement des pratiquantes les plus assidues de Vinted qui l’utilisent comme une source de revenu, et non comme une ressource plus vertueuse.
Mais nous, chez Hyssop, serions plus nuancés. Le diable que nous évoquons n’est pas Vinted : ce sont nos habitudes, nos pulsions, notre culture de la possession. Vinted n’est pas innocent, mais nous ne sommes pas non plus à sa merci. On peut toujours décider.
LE BON SENS.
Renouons avec un peu plus de bon sens. Nous, consommateurs, comme Vinted, qui pourrait revoir un tantinet son business model pour retrouver la raison pour laquelle il est né : faire du vide dans son dressing, tout en préservant la planète. Refuser de croître : est-ce si insensé ? Tout comme Craigslist, le LeBonCoin américain qui a refusé de se moderniser, de se pervertir. Tout dépend quelle logique on adopte. Je vais personnellement terminer cet article en allant donner à Emmaüs Défi ces baskets Common Project achetées à seulement 60€.